Wondered Woman

Publié le par YouTalk

superman.jpgLe 25 novembre, des hommes et des femmes se mobilisaient en France pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Encore un sujet tabou dont on parle si peu qu’il faille une journée spéciale pour alerter l’opinion et relancer la sensibilisation : l’an passé, plus de 122 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint et les associations estiment à environ 75000, le nombre de personnes violées chaque année en France (suite à un inceste, un harcèlement sexuel au travail, ou une agression malheureuse dans un contexte lambda…) Des statistiques pareilles hérissent le poil, et reposent naturellement la question du rapport entre les sexes au 21e siècle… Je vais ici m’hasarder à une analyse subjective des adultes que la société actuelle tend à produire.




La construction des rôles sexuels

Dès le bas âge, les garçons et les filles ne sont pas tenus à la même enseigne en termes d’éducation. Et cette différenciation sexuelle va déterminer à bien des égards leurs comportements adultes et leurs attentes devant la perspective d’une relation amoureuse ou sexuelle.  

Eh oui, même après les grandes luttes féministes pour l’égalité des sexes, le vieux cliché de la fille « toute douce et fragile », et du garçon « fort et sportif » persiste dans l’inconscient collectif de nombreux parents aujourd’hui dans l’approche qu’ils adoptent avec leurs enfants. Le simple choix des layettes, roses (l’émotion, le bonheur, l’amour) ou bleues (la froideur, l’horizon pour suggérer peut-être un côté aventurier) selon le sexe du futur enfant, en dit long sur le sens de leur future éducation. Sans parler des cadeaux qu’on leur offrira bien souvent plus tard : La poupée avec dinette, trousse maquillage ou pharmacie, animaux en peluche pour les filles, révèle l’accent mis sur  le soin des objets, l’attention du détail, l’importance d’une apparence coquette et donc l’idée qu’elle est destinée à être belle et « familiale ». Quant aux garçons, on préfèrera leur donner des camions pompiers, des figurines de soldat, un fusil ou une super-épée laser… bref, tous ces jouets suggérant une éducation qui encourage « l’action de terrain », et les prépare au devoir de protéger leur famille. Pas de larmes, pas de peur, ils n’y ont pas droit. Nous grandissons ainsi « recyclés » dans le vieux fantasme revisité de la belle princesse et du héros invincible : elle doit avoir la beauté pour qu’il l’aime, lui les gros bras pour qu’elle se sente en sécurité.

Mais nulle part dans les jeux qui stimulent leur imagination et construisent leur personnalité à cet âge il n’y est question de communication inter-genre pour les aider à comprendre le pourquoi de ce formatage. 

Et ce schéma stéréotypé leur tiendra encore la main pendant l’âge ado. En effet, les garçons seront occupés à s’étriper sur des jeux vidéos où seule une victoire (écrasante) procurera l’ultime plaisir parce qu’elle exalte justement cette nature d’homme-guerrier, la seule qu’on leur a appris à reconnaitre en grandissant. De l’autre côté, les filles auront plus tendance à écouter des chansons « fleur bleue », lire des magazines de mode, des gossip sur les stars, faire du shopping… parce que ce sont autant d’activités qui alimentent le rêve d’une vie « douce, fragile, amoureuse et coquette» où elles seront au cœur de l’attention.  La faute à personne, si ce n’est l’éducation.


L’hypocrisie des genres

Mais l’âge adulte arrive. Les filles ont traversé le lycée et la fac, avec déjà bien des pansements au cœur ; les garçons s’en sortent mieux, parce qu’ils ont tant de noms trophées sur leur Curriculum-Vitae. Les premières ne font plus trop confiance à ces messieurs, qu’elles croient plus intéressés par le sexe que par une relation « sérieuse ». Ce qui n’est pas toujours vrai, mais pas toujours faux. Peut-être est-ce cette culture du « physique avant la personnalité » qu’elles avaient embrassé d’elles-mêmes, puis mis en avant, et qui soudain se retourne contre elles ? Oui, si pour susciter l’intérêt de leurs prétendants, elles ont joué de tous les symboles sexuels de leur époque pour attirer les regards et récolter des compliments, il n’est que trop normal de n’intéresser que des hommes à qui ce langage parle.

Bien sur, toutes n’usent pas des mêmes artifices pour plaire. Certaines sont plus conventionnelles, mais ne sont pas pour autant à l’abri de l’échec amoureux. Un autre problème ? La mesure des attentes.

Aujourd’hui les femmes, comme les jeunes filles, revendiquent à raison une égalité totale entre les sexes, mais refusent de décrocher de l’allégorie de la princesse. Et si dans l’absolu, elles veulent avoir les mêmes droits, il est moins sur qu’il en sera de même quant à l’interprétation des devoirs telle que l’envisagent certains hommes dans une relation. Ce qui effraie l’homme dans son rapport à la femme, ce n’est pas tant l’attachement, mais la « contrainte de résultat ». Il peut intégrer que la femme soit son égale,  mais aura davantage de mal avec sa responsabilité devant des situations qu’inversement il ne peut pas (se permettre de) reproduire : la gestion des humeurs de la femme, et la pression de devoir satisfaire ses plus petits caprices. Bref pour comprendre l’interprétation du principe d’égalité version masculine, il suffit de regarder leurs rapports entre amis : « s’il y a un problème, on le résout. Si on ne peut pas, on avance, la vie continue…  Et puis ça va finir par passer, ou pas ! »

Quant au cliché des hommes chasseur-tirailleurs qui de loin paraissent triomphants, qu’en est-il vraiment dans l’intimité ? Sont-ils si fiers d’une vie ponctuée de souvenirs qui ne leur appartiennent plus vraiment ou sont-ils aussi malheureux de ne pas être « capables » ? Et peut-être plus encore, de ne pas savoir assumer cette peur qu’on ne leur a jamais appris à apprivoiser ? Dans leurs expériences ludiques de croissance, il a toujours été question de stratégie pour arriver à une fin, une fois l’objectif en ligne de mire : réfléchir, calculer, anticiper, manipuler, jouer le jeu de « l’ennemi » jusqu’à ce qu’il soit « dos à terre ». Pourquoi ? Parce que dans le film, c’est là que la foule les acclame, qu’ils bombent le torse, et s’en vont la tête haute. Mais dans la vraie vie, le film continue : il faut relever -non pas « l’ennemi » mais- le partenaire pour s’engager dans une autre forme de rapport. Il faut construire « quelque chose ». Ils ne savent pas toujours quoi, ni à quoi ça sert, mais voici qu’on leur demande de se « poser ».  A des hommes d’action ?! Hum, si seulement ils entendaient chaque mot dans l’ordre, ils sauraient que derrière cette expression on leur demande d’abord d’être des Hommes…

Mais nulle part dans les jeux qui stimulent leur imagination et construisent leur personnalité  il n’y était question de communication inter-genre pour les aider à comprendre le pourquoi de ce formatage...

 

Pour conclure cet article et fermer cette parenthèse sur les rapports entre les sexes, je tiens à rappeler que je condamne absolument tout acte qui vise à soumettre, humilier, opprimer ou abuser de l’intégrité morale ou physique d’un individu (homme, femme, ou enfant). Il va donc sans dire que je soutiens le combat de ces femmes victimes de violences innommables, et parfois mortelles.


West
 

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Publié dans Société

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W
@Empe : coucou, et merci pour ton com !<br /> Pour la 2e partie, je ne fais que faire une projection des incompréhensions que l’éducation peut entrainer dans les rapports H/F, dans la mesure où ils ont grandi dans un « moule » qui parfois<br /> n’aident pas à voir les choses du même œil. Les filles auront alors tendance à traiter les garçons de « salauds », ou « lâches », quand en fait certains d’eux n’ont jamais appris à construire une<br /> relation…
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E
J’ai compris la première partie de l’article mais pas la seconde.<br /> Dans la première tu dis que la différenciation des rôles dans l’éducation des filles et des garçons prime sur la communication inter-genre. Je suis d’accord que cet aspect peut engendrer des<br /> incompréhensions dans les rapports entre les sexes.<br /> Par contre, dans la suite, je ne comprends pas ton argumentation. Ni comment tu arrives à ta conclusion.
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W
Merci pour ton passage Cerise!<br /> No souci, on se capte où tu sais : le sujet de la 2e vidéo est toujours la table, si ça t'intéresse encore...<br /> Assia pour ta maladie, j'espère que tu t'en remettras vite
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C
J'aime bien ce que tu as dit dans ce texte...instructif par endroit.<br /> <br /> Par ailleurs, j'ai juste été un peu malade, je m'en remets tout juste. Par grave et désolée :)
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