Et pourquoi pas l’inceste… ?
Dans les débats qui touchent à l’homosexualité, les argumentations controversées se sont disputées une place de choix dans le royaume du bon sens. Aujourd’hui, même si certains le contestent encore, l’opinion générale sous des cieux tolérants considère que l’homosexualité n’est pas une maladie, mais l’expression libre d’une orientation émotionnelle et/ou sexuelle à l’égard d’un individu du même sexe. Aussi, je suis de ceux qui pensent que la naissance de tout penchant qui implique le désir relève du même ordre que la construction de nos fantasmes : il s’agit d’une qualité d’esprit que notre nature nous soumet et que nous sommes libres d’assumer ou de refouler. En ce sens je pense que les homosexuels devraient être libres de s’aimer.
Cependant, avec le projet de loi favorable au mariage homosexuel, j’ai été mêlé à de longs et houleux débats sur l’intérêt civil et la moralité d’une telle loi. A priori, si on (je) trouve normal que deux personnes adultes et consentantes (hétéro ou homo) sont libres de s’adonner aux plaisirs qui exaltent leur nature, pourquoi les priverait-on d’une égalité parfaite de droit civique ? C’est ce que je me suis aussi dit, mais il se trouve que je suis quand même contre le mariage homosexuel. Ce qui ferait soudain de moi un « homophobe », puisque comme l’a précisé mon collègue dans un précédent article, SOSHomophobie présente l’homophobie comme « Le refus dans les actes quotidiens, d’un droit, d’un bien, d’un service à une personne, homme ou femme, en raison de son homosexualité avérée ou supposée ».
Hum, SOS Homophobie… « Tsuip ! Tsuip ! Tsuiiip ! Attention, au dessus c’est le soleil », comme dirait l’autre. Une définition aussi universelle ne pouvant être contestée, j’accepte donc mon homophobie...
Mais voici déjà que ma conscience effrontée s’interroge à nouveau : si la morale peut être aussi permissive, pourquoi pas l’inceste ? Ouais, tout de suite ça choque un peu. Mais au fond, quelle différence y a-t-il entre l’inceste et toute autre forme d’affinité, vu que l’égalité des droits doit se soumettre au respect des libertés individuelles dans les affaires de mœurs entre 2 adultes consentants ? Je veux dire, les sociétés évoluent, les habitudes et les plaisirs se diversifient. Et toute personne avec un minimum d’honnêteté saura reconnaître quelque part que l’Humanité ne doit sa survie qu’à une incesticémie1 pandémique. Le bon Dieu nous pardonne, nous ne sommes que des Hommes ! Et Tout Puissant qu’Il est, pourquoi n’avoir pas simplement créé deux couples plutôt qu’un, pour lever le doute sur la moralité sexuelle des descendants d’Adam et Eve ? Euh, cet argument vaut surtout pour les sensibilités chrétiennes, j’entends bien.
Pour les esprits trop scientifiques qui ne jureraient que par Darwin, il y a fort à parier que l’inceste était tout aussi à la mode en certains temps. C’est simple : « nos ancêtres, les Singes » le pratiquent toujours, pour ne pas parler de certaines civilisations dites « modernes » où des cousins germains peuvent encore se marier. Bref, pour une pratique sexuelle qui a eu pour seul tord de contribuer à la survie des espèces vivantes qui dominent encore sur la Terre aujourd’hui, il faut croire que l’inceste souffre injustement d’une intolérance et d’une ingratitude que ma liberté de pensée est en droit de questionner. Hum…
« Oh, mais c’est scientifiquement prouvé que des enfants issus de rapports incestueux naissent avec des malformations !», m’a-t-on savamment répété. Ah, le formidable argument de la consanguinité ! Eh bien, l’adoption reste l’alternative honnête pour les couples qui sont dans l’incapacité naturelle de procréer : demander donc aux couples homosexuels qui souhaiteraient que ce soit légalisé pour TOUS !
Bref, on peut tourner en rond longtemps. En vérité, si on s’en tient aux mêmes bases de raisonnement applicables aux couples homosexuels, il n’y aurait pas de raison de condamner toute union incestueuse si ce n’est que moralement ça dérange. En effet, l’inceste renvoie la société à ses responsabilités dans les valeurs qu’elle est censée véhiculer et montre bien l’importance de privilégier des schémas sociétaux qui encouragent la reproductivité et donc la pérennité de l’espèce humaine. Et l’union homosexuelle devrait tous nous interpeller pour les mêmes raisons… La société ne peut pas simplement repousser ses frontières morales pour plaire à tout le monde.
Et si demain, les naturistes demandaient eux aussi le droit de se marier et vivre devant tous en tenue d’Eve ?
Bref, vous vous demandez peut-être si je suis vraiment pour une légalisation de l'inceste? Eh bien, ça n'a plus vraiment d'importance puisque je suis Camerounais, et en bon patriote... "J'aime MON gars!"
West
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1 Incesticémie : inceste à outrance, selon mon propre dictionnaire.